lundi 13 mai 2013

Hohenschönhäusen

En plus d'être un mot assez difficile à prononce en Allemand, ce nom est celui de la prison de la Stasi située au Nord-Est de Berlin où Dômeu s'était rendu avec nos visiteurs automnaux, et où je me suis enfin rendue avec nos visiteuses de la semaine, satisfaisant ma curiosité éveillée par les commentaires de Dômeu et la série télé Weissensee. Une visite guidée intéressante sur le destin réservé aux prisonniers politiques, dont le titre pourrait être "comment devenir un expert de torture psychologique".


[Pour toutes les photos, merci Wikipedia.]

Hohenschönhäusen a d'abord été utilisée par les Soviétiques au début de l'occupation, avec moult types de torture physique. On citera la cellule froide où on jetait des sauts d'eau sur le prisonnier, et aussi un dispositif composé de deux sauts entre lequel on met la tête d'un prisonnier, des gouttes tombant sur lui puis dans le saut du bas, ce qui est très énervant et donne l'impression qu'on va se noyer car le saut du bas se remplit dangereusement. Charmant, charmant. Heureusement qu'à côté de ces horreurs, notre guide, espagnole anglophone au look original, était réellement charmante, et qu'au-dessus de nous, le soleil brillait, nous rappelant que l'Allemagne est maintenant plus civilisée.



Ensuite, après la création de la RDA, la maison d'arrêt, car il s'agit d'une maison d'arrêt et non d'un centre de détention, c'est le ministère de la sécurité de l'Etat, Stasi, qui a pris la main, et qui pour avoir l'air propre et tout s'est mis à la torture blanche, qui reste aussi charmante que la précédente. Notre guide n'était pas une ancienne prisonnière, mais elle cotoie les autres guides "vétérans" assez souvent pour conter leurs anecdotes poignantes. Souvent, elles n'étaient pas sans me rappeler les scènes de la série Weissensee, ce qui pour moi est une preuve de la qualité de cette fiction.

Le but ultime des employés de la prison, garde et interrogateurs, était de casser les prisionniers pour qu'ils parlent. Privation de sommeil notamment en réveillant tout prisonnier ayant bougé de la position de sommeil (sur le dos, les bras le long du corps sur les draps), perturbation du rythme circadien par une lumière permanente, isolation totale (dur de parler à quelqu'un donc, sauf en tapant sur les murs... ou en mettant la tête dans les toilettes dont les conduits allaient d'une cellule à l'autre), chantage, etc. Quand tout le monde est méchant avec le détenu ou qu'il ne parle à personne, hé bé il est dans une bonne dispostion pour les interrogatoires, qui avaient d'ailleurs lieu dans des cellules colorées, contrairement au reste des cellules. Malin.



Une chose qui m'a particulièrement marquée est que dans les couloirs, les détenus ne devaient pas se voir, on leur mettait donc le nez au mur en cas de croisement. Mais parfois, on les laissait voir quelqu'un quelques secondes, auquel cas le détenu reconnaissait forcément quelqu'un de sa connaissance... surtout si la personne entrevue était une personne embauchée pour sa ressemblance avec quelqu'un de l'entourage du détenu ! Avec mes compères, nous nous sommes dit que l'humanité aurait bien progressé si les investigateurs de tout ça avaient mis leur énergie au service de meilleures causes. Quoique si c'était comme dans la série, ils croyaient peut-être, pour certains, avoir raison de se battre pour l'Etat...

A l'issue de notre visite, nous étions assez touchés de tout ce que l'on nous avait raconté,  et puis je piétinais déjà d'impatience à l'idée de regarder un jour quand elle sera tournée la saison 3 de Weissensee, qui semble-t-il n'offre pas un mauvais aperçu des rouages de cette dictature.

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