samedi 30 mars 2013

Weissensee

Weissensee, c'est là où je bosse, enfin là où je dis que je bosse : je n'ai encore jamais mis les pieds près de ce lac du Nord-Est de la ville, mais il n'est pas bien loin de mon lieu de travail et permet aux Berlinois de situer mon bureau. Parce que franchement sinon, mon lieu de travail, c'est un peu l'Ardèche berlinoise - heureusement en août après moult retards mon département devrait enfin réintégrer le Nord-Ouest de Berlin. 

Mais Weissensee, c'est aussi le titre d'une série évoquée dans Stern récemment, avec ce court résumé accrocheur, "Roméo et Juliette au temps de la RDA". Curieux que nous sommes, après la lecture de cet article élogieux, nous sommes allés acheter les DVDs des deux premières saisons diffusée en 2010 et 2013, découvrant une série pas mal faite, prenante, et légèrement plus sérieuse que Türkisch für Anfänger.


  
 [Julia Hausmann et Martin Kupfer, Juliette et Roméo, en allemand Julia und Romeo. Toutes les photos sont de la chaîne ARD, qui devrait être ravie de la pub que je fais pour leur série. Regardez bien cet homme, vous l'avez ptêt déjà vu.]

Dans cette chouette série, il y a deux familles opposées mais très liées, de quoi faire une histoire à rebondissements. Chez les Kupfer, Papa est haut placé dans la Stasi et son fils aîné aussi, alors que le deuxième fils, Martin, est un vilain petit canard qui refuse de se compromettre pour monter en grade et est donc simple policier. Chez les Kupfer on voit aussi la Maman, blessée par l'infidélité de son mari ; la femme du fils aîné, alcoolique et pas écoutée ; leur fils champion de gym à qui on cache tout ; l'ex-femme de Martin qu'il a quittée à cause de l'ambition qu'elle avait pour lui dans la Stasi ; et la fille de Martin. Chez les Hausmann, pas de Papa, juste la Maman chanteuse dissidente, (plus ou moins ex -)maîtresse de Papa Kupfer, et sa fille Julia esthéticienne. 




[Martin s'énerve à table chez lui. On voit des bouteilles de bière, comme dit Dômeu ils boivent tout le temps dans cette série.]

Bizarrement les deux familles ne sont pas ravies lorsque Julia et Martin entament une relation passionnée, et c'est le début de péripéties donnant une image bien noire du régime de la RDA, où la Stasi surveille à tout va, où on est contrôlé par l'Etat et trompé par ses plus proches amis que la Stasi fait chanter. Rien que s'installer ensemble est un parcours du combattant pour Julia et Martin : les logements sont distribués par l'Etat, il est donc facile pour Papa Kupfer de bloquer le dossier de son fils ; et occuper un logement vide est moyennement envisageable pour un policier.


[Maman Hausman avec méchant fils Kupfer derrière elle. Connaissez-vous ce visage ?]

Réponse aux devinettes. Pour ceux qui comme nous ont vu Goodbye, Lenin! et en tirent quelques repères sur la RDA, la série ne perturbe pas. Pas de Daniel Brühl en vue, mais le gentil fils Kupfer, Martin, est joué par l'acteur Florian Lukas qui avait le rôle du pote d'Alexander Kerner, celui qui livrait des récepteur de télé satellites avec lui, et la maman Hausmann chanteuse n'est autre que Katrin Sass, la maman Kerner dans le film. Nous ne sommes pas de fins connaisseurs du cinéma allemand donc nous étions un peu fiers de reconnaître ces deux visages.


Pour le reste, je trouve instructeur d'avoir cet aperçu de la RDA, ça fait bien réfléchir à notre bonheur de vivre libres. Sans être aussi dramatique que La vie des autres (ouais j'étale ma culture, je connais DEUX films sur la RDA, ne suis-je pas une spécialiste de ce régime ?), la série donne à voir des choses qui dérangent. Ainsi la manipulation des gens lors des interrogatoires de la Stasi est absolument atroce je trouve. Les sourires hypocrites du fils aîné Kupfer me dressent le poil, le pire étant qu'il croit faire le bien.

Et aussi et surtout, nous avons été divertis, l'histoire est bien menée, après la saison 1 nous serons ravis de découvrir la saison 2, et souhaitons du succès au tournage promis d'une 3e saison. La saison 2 a une version sous-titrée en anglais à ma connaissance, mais sinon, c'est encore un conseil de visionnage pour germanistes... ou une incitation à apprendre l'Allemand ? Institut Goethe, tu veux pas me payer pour mes articles ? De nos jours, ce n'est plus Tokyo Hotel qui amènera les jeunes à l'allemand.

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